CRIPS ÎLE-DE-FRANCE

Favoriser l’accès à la prévention diversifiée

Aujourd’hui, la prévention se compose de multiples outils qui permettent à chacune et chacun de créer sa prévention : une prévention « sur-mesure ». Pour que l’utilisation de ces outils nous amène à un contrôle de l’épidémie d’ici 2030, un effort particulier est à faire en termes d’information, d’appropriation par les personnes et de fluidification du parcours.

Définir la prévention diversifiée

Des outils adaptés à chacune et chacun

Aujourd’hui, la prévention n’est plus centrée uniquement sur le préservatif. Aujourd’hui, la prévention offre un éventail d’outils : les préservatifs interne et externe, le dépistage, la réduction des risques pour les utilisateurs de drogues, le traitement postexposition (un traitement d’urgence contre le VIH en cas d’exposition), la prophylaxie préexposition ou PrEP (pour les personnes séronégatives, un comprimé par jour pour se protéger du VIH), le traitement comme prévention ou TasP (une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH). De fait, la prévention est dite « diversifiée », permettant ainsi à chacune et chacun d’adap­ter sa prévention à sa vie, ses possibilités, ses envies.

Le défi : l’accès à la prévention diversifiée

Le défi n’est donc plus d’inventer des outils de prévention adaptés à chacune et chacun, mais que toutes et tous y aient accès. Sur ce point, le constat du Conseil national du sida est sévère. Dans la « Note valant avis sur les orientations de la politique de dépistage du VIH en France » de novembre 2019, le CNS affirme : « La lutte contre l’épidémie en France est ainsi à un moment critique. La situation actuelle est inacceptable alors que tous les outils permettant d’enrayer l’épidémie sont disponibles, allant du dépistage du VIH (sérologie conventionnelle, TROD, autotests) aux traitements antirétroviraux : TasP (Treatment as Prevention), PrEP (Prophylaxie pré-exposition) et TPE (traitement post-exposition). Alors que la lutte contre le VIH fait l’objet d’une mobilisation internationale importante, notamment de la part de la France, une remobilisation forte s’impose sur le plan national pour dépasser les obstacles qui perdurent en matière d’accès au dépistage et aux outils innovants de prévention ». 

Mettre fin au sida en France d'ici 10 ans est un horizon atteignable, la science nous montre le chemin. Il appartient désormais à toutes et tous de saisir cette opportunité historique. C’est pour cela que nous travaillons, d’une part à une meilleure connaissance de ces outils par le grand public et les publics clés, d’autre part à un accès facilité à la prévention diversifiée et un parcours de santé plus fluide.

Comment augmenter le niveau de dépistage

Quant au dépistage, deux priorités peuvent être mises en exergue : le dépistage doit aller chercher les personnes qui ne se sont jamais fait dépister (quelle que soit la raison de cette absence de dépistage : sous-estimation de leur exposition, accessibilité des structures de dépistage, peur, etc.). Egalement, le dépistage doit être utilisé de façon plus régulière par les populations clés sur la base des recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Augmenter le recours au dépistage pour les populations clés

Aujourd’hui en France, près de 25 000 personnes séropositives ne connaissent pas leur statut sérologique et cette épidémie non diagnostiquée est à l’origine de plus de 60 % des transmissions du VIH. En outre, les délais sont toujours trop longs entre l’infection et le diagnostic (3,3 ans en médiane).
 
C’est au regard de ce constat que la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande un dépistage :
- tous les 3 mois chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ;
- tous les ans chez les usagers de drogues injectables ;
- tous les ans chez les personnes originaires de zones de forte prévalence de l’infection à VIH, notamment d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes.
L’objectif est donc d’installer le dépistage dans le parcours des personnes les plus exposées. Un dépistage, aussi souvent que nécessaire et aussi précocément que possible par rapport à l’exposition au VIH, serait mieux.

Concrètement, au-delà d’œuvrer pour une plus grande demande de la part des personnes elles-mêmes, il est essentiel de mettre en place, développer et pérenniser des solutions permettant :
- d'augmenter l’offre de dépistage,
- d'améliorer l’efficience du dépistage,
- de faciliter l’accès aux dispositifs de dépistage.

Augmenter l’offre de dépistage

Pour atteindre cet objectif, nous défendons trois axes :

- Une augmentation du nombre d’acteurs pouvant mettre en place des opérations TROD ou distribuer des autotests en simplifiant les procédures et les habilitations
- L’autorisation de faire du TROD pour les infirmières scolaires
- L’autorisation pour les médecins généralistes de donner des autotests financés par les pouvoirs publics
- L’engagement des pharmaciens dans cet effort sur le dépistage via le TROD

Améliorer l’efficience du dépistage

Nous défendons la mise en place généralisée de la notification aux partenaires (c’est-à-dire l’ensemble des services pour encourager et aider les personnes nouvellement diagnostiqués pour une IST à en informer leurs partenaires sexuels, afin d’inviter ceux-ci à se faire dépister à leur tour)

Faciliter l’accès aux dispositifs de dépistage

Nous défendons six axes de réponse :
- L’augmentation des actions d’ « aller-vers » en direction des populations prioritaires ayant difficilement accès à la prévention.
- Le développement des solutions de téléconsultation.
- La simplification et l’accélération d’accès aux résultats négatifs (SMS, application de téléconsultation).
- La généralisation du dispositif du « Labo sans ordo » (possibilité de réaliser gratuitement, sans ordonnance, ni rendez-vous, un dépistage du VIH, dans des laboratoires de Paris et des Alpes-Maritimes).
- L’autorisation et le développement de programmes d’autoprélèvement.
- L’autorisation pour les pharmaciens de mise en avant de l’autotest dans leur officine.

Favoriser le recours à la PrEP

L’impact prouvé de la PrEP

La PrEP a prouvé son efficacité tant individuelle que collective. A San Francisco, le nombre de nouveaux cas de VIH a chuté de 49 % entre 2012 (année où la PrEP a été autorisée dans le pays) et 2016. Au Royaume-Uni, le nombre de nouveaux cas a chuté de 18 % entre 2015 et 2016. Cette baisse est encore plus impressionnante chez les HSH à Londres : - 29 %. 

Un besoin d’appropriation par les publics clés

En France, les données de l’ANSM rapportent des profils trop homogènes parmi les personnes utilisatrices de la PrEP : 98 % sont des HSH et seuls 7,5 % sont nés à l’étranger. Selon l’enquête Rapport au sexe 2019 (ERAS) qui dresse un portrait de l’utilisateur PrEP : « Il a un âge médian de 38 ans, a fait des études supérieures (plus de 80 %), réside en région parisienne (40 %) et considère avoir une situation financière "aisée, confortable" (65,2 %) ». Pourtant les catégories de personnes ayant un intérêt à avoir accès à la PrEP sont bien plus nombreuses, notamment pour les personnes issues de la migration : HSH afro-caribéens, travailleurs et travailleuses du sexe immigrés (notamment victimes de la traite), migrantes primo-arrivantes en situation de vulnérabilité sexuelle, personnes migrantes multipartenaires et leurs partenaires, etc.

Informer et simplifier l’accès

Les deux priorités nous semblent être l’information et la simplification de l’accès au dispositif. Pour cela, nous défendons :
- une autorisation d’ouverture de la PrEP chez le médecin généraliste (aujourd’hui, seul le renouvellement est autorisé et non la primoprescription),
- les initiatives expérimentant un mode d’administration simplifié, notamment via une injection périodique (mensuelle par exemple),
- des campagnes étatiques d’information à la hauteur sur ce dipositif, le défi étant d’outiller pour que les mentalités évoluent et que les communautés s’approprient le dispositif (elles-mêmes mais aussi les professionnels de santé).

Informer sur le « I=I »

La révolution du « I=I »

Le message « I=I » ou « Indétectable = intransmissible » signifie qu’une personne séropositive sous traitement et avec une charge virale indétectable ne transmet pas le virus du sida. En effet, les médicaments antirétroviraux rendent le virus indétectable dans le sang et les liquides sexuels des personnes touchées, le virus devient donc intransmissible.

De fait, le « I=I » constitue :
- l’outil de prévention le plus efficace pour lutter contre le VIH/sida,
- une révolution pour la qualité de vie des personnes séropositives,
- un puissant vecteur de lutte contre la sérophobie.

« Implémenter » ce message scientifique


Ce faisant, le défi est bel et bien d’arriver à « implémenter » ce message scientifique dans la société et auprès de tous les publics :
 
- Auprès des personnes vivant avec le VIH : l'enquête VIH, Hépatites et vous de AIDES a démontré que pour 40,8 % (seulement !) des personnes interrogées, le TasP avait diminué la peur pour ces personnes de transmettre le virus et avait facilité la discussion.
- Au sein des communautés concernées : dans l'enquête VIH, Hépatites et vous de AIDES, 48,5% des personnes interrogées dans la population cible ont affirmé connaître le TasP avant qu'on leur en ait donné la définition précise
- Au sein du monde médical : au même titre que pour la PrEP dont l’ouverture peut être freinée par les doutes ou les réticences individuelles, il s’agit pour les professionnels de santé de promouvoir ce message du « I=I »
- Au sein du grand public : selon un sondage réalisé en octobre 2017 pour Aides : 87% des Français interrogés continuent à croire qu'avoir des rapports sexuels sans préservatif avec une personne séropositive sous traitement constitue « un risque élevé, voire très élevé » de contamination. Seuls 2% évaluent correctement ce risque comme étant « très faible, voire quasi nul ».
 
L’appropriation du message « I=I » permettrait de casser les préjugés, de renverser l’image de la personne séropositive, d’apporter des éléments scientifiquement vrais de la vie avec le VIH. Et surtout l’appropriation de ce message permettrait d’impacter très positivement sur l’appropriation des outils de prévention, notamment la promotion du dépistage. C’est pour cela que nous faisons de la promotion du « I=I » une priorité.
 

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