Le Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes
i=i ou « indétectable = intransmissible »
Date de création : 10/11/2022
Date de modification : 17/11/2022
« indétectable = intransmissible » ou « i=i » signifie qu’une personne séropositive sous traitement ne peut pas transmettre le virus du sida, car sa charge virale est indétectable. Ceci n’est pas une opinion mais un fait scientifique qui fait consensus.
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Que signifie le slogan « i=i » ?
Globalement, si les traitements antirétroviraux avaient pour objectif initial de traiter et d’améliorer l’espérance et la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, ils sont aujourd’hui également devenus un moyen de prévention très efficace.
i=i, comment ça fonctionne ?
Concrètement, après une contamination par le VIH, le virus se réplique très vite dans le corps avec de fait une quantité de virus dans le sang qui augmente et qui peut atteindre des valeurs élevées : c’est ce qu’on appelle la charge virale. Le traitement antirétroviral empêche le virus de se multiplier dans l’organisme et la charge virale baisse alors progressivement (entre 1 à 6 mois) pour atteindre une valeur en dessous du seuil détecté en laboratoire. Lorsque cette valeur est en dessous du seuil, on dit alors que la charge virale est indétectable, soit trop basse pour pouvoir contaminer d’autres personnes en cas d’exposition : le virus est donc intransmissible. C'est à ce moment précis que l'on peut parler de i=i (indétectable = intransmissible).
Crips Île-de-France
i=i (indétectable = intransmissible) un consensus scientifique
Cela fait plus de 10 ans que le rôle du traitement comme outil de prévention de la transmission du VIH est prouvé.
Le « rapport Hirschel » a exposé, dès 2008, les conditions de non-transmission sexuelle dans le cadre d’un couple hétérosexuel sérodifférent à savoir :
L"efficacité du traitement sur la charge virale qui est indétectable dans le sang.
Une très bonne observance de son traitement pour éviter les remontées éventuelles de charge virale.
L'absence d’autres ISTqui seraient un facteur de possible augmentation de la charge virale.
En 2010, l’essai HPTN 052 démontrait que le traitement précoce du partenaire séropositif réduisait de 96 % le risque d’acquisition du VIH au sein de couples sérodifférents.
En 2016, les conclusions de l’étude Partner ont été publiées et ont confirmé de manière claire l’effet TasP: parmi 1 166 couples sérodifférents, gays et hétérosexuels, et après 58 000 rapports sans préservatifs, il n’y a eu aucun cas de transmission du VIH.
Le « indétectable = intransmissible » n’est pas une opinion mais un fait scientifique qui fait consensus.
L’intégration du « i=i » dans les politiques de santé
Indétectable = Intransmissible est un message scientifique partagé par plus de 1 000 associations dans 105 pays à travers le monde.
Il est également promu par l’Organisation mondiale de la santé, par l’ONUSIDA et par de nombreux États dont la France.
i=i constitue un message à marteler, tant il revêt la forme d’une révolution pour la lutte contre le VIH/sida de par ses effets positifs tant sur le plan individuel que collectif.
Crips Île-de-France
Crips Île-de-France
Crips Île-de-France
L’intérêt individuel et collectif du i=i
Le slogan « indétectable = intransmissible » est :
Un vecteur de changement en profondeur de l’image d’une personne vivant avec le VIH. En effet, grâce au « i=i », les personnes séropositives sont reconnues comme des acteurs et de actrices de prévention à part entière.
Un facteur de mieux-êtrepour les personnes séropositives, avec un impact réel sur leur qualité de vie,
Un outil de prévention pour toutes et tous, avec une efficacité remarquable et mise en avant par les médecins infectiologues ;
Un moyen très efficace permettant d’atteindre l’objectif nationale du « 0 contamination d’ici 2030 », le « i=i » permettant de casser les chaînes de transmission du VIH
Les deux défis autour du indétectable = intransmissible
Aujourd’hui, le message de santé publique « i=i » reste trop peu connu par le grand public. Ainsi, selon le sondage Crips Ile-de-France/Harris Interactive de novembre 2022, 7 Français sur 10 déclarent n’avoir jamais entendu du TasP.
Même si cette connaissance est plus forte chez les moins de 35 ans, ce chiffre doit nous pousser à une mise en place de solutions grand public d’ampleur. Et c’est d’ailleurs ce qui est demandé par les Français puisque, selon ce même sondage, afin d’améliorer le niveau d’information sur le VIH/sida, 58% des Français estiment qu’il faut renforcer la prévention en milieu scolaire et 54% souhaitent la mise en place de campagnes de communication grand public sur cette thématique.
L’effet « i=i » est conditionné par les efforts à faire tant sur le dépistage que sur la mise sous traitements.
Ainsi, le « i=i » ne pourra trouver son plein effet qu’à la condition d’une politique volontariste sur le dépistage puisque, encore 15% des personnes séropositives en France ne connaissant pas leur statut. Cela suppose de mettre en place des dispositifs rapprochant l’offre de dépistage de celles et ceux qui en ont besoin aussi souvent que nécessaire, comme l’a demandé la Haute Autorité de Santé. Concernant la mise sous traitement et la continuation optimale de celui-ci, cela suppose une organisation des soins adaptés et l’absence d’obstacles législatifs ou réglementaires à l’accès aux soins.
À ces conditions, le "i=i” (indétectable = intransmissible) pourra trouver son plein effet et permettra de nous projeter véritablement vers l’horizon 2030, celui du contrôle de l’épidémie en France.