Comprendre la notion d’égalité et de respect dans les relations filles/garçons
Date de modification : 13/03/2023
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Égalité
« L’égalité entre les femmes et les hommes est essentielle pour assurer la protection des droits humains, le fonctionnement de la démocratie et la bonne gouvernance, le respect de l’État de droit et la promotion du bien-être de chacune et de chacun, qu’elle implique des droits égaux pour les femmes et les hommes, les filles et les garçons, ainsi que la même visibilité, autonomisation, responsabilité et participation dans tous les domaines de la vie publique et privée, et qu’elle implique également l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’accès aux ressources et dans la distribution de celles-ci […]. », Conseil de l’Europe, adoptée le 27 mars 2019 : https://rm.coe.int/168093b269
En France, le sexisme vécu par les Françaises prend différentes formes (remarques, blagues, etc.). Il est subi par la quasi-totalité d’entre elles : 99 % des femmes disent avoir été victimes d’un acte ou commentaire sexiste en 2019. (Rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France en 2019)
Sexisme, stéréotype, rôles sexuels
Maîtriser quelques concepts, est indispensable avant de travailler avec les jeunes sur l'égalité des sexes. Voici quelques définitions simples.
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Sexisme
Ce terme, né dans les années 1960, a été créé par les féministes, en se calquant sur celui de racisme.
Le sexisme se définit comme une attitude discriminatoire envers une personne en raison de son sexe (souvent féminin).
Il dénonce les représentations et normes véhiculées par la société qui servent à justifier ces discriminations et à légitimer la domination des hommes sur les femmes. -
Les stéréotypes de genre
Les stéréotypes sont des représentations simplifiées, déformées, rigides, anonymes, de certaines caractéristiques attribuées à un individu ou à un groupe.
Les stéréotypes de genre sont des caractéristiques arbitraires (fondées sur des idées préconçues) que l'on attribue à un groupe de personnes en fonction de leur sexe.
Ces stéréotypes ont un impact sur les rôles attribués aux hommes et aux femmes dans la société. Ils servent de prétexte à les cantonner à certains rôles sexuels.
Exemples de stéréotypes de genre :
- « Les filles qui portent des jupes courtes sont des filles faciles »
- « Les garçons ont plus de besoins sexuels que les filles »
- « Un garçon, ça ne pleure pas ! »
- « Les filles sont nulles en mathématiques »
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Les rôles sexuels
C'est le fait d'attribuer à une personne des rôles et fonctions dans la société, déterminés par son sexe (homme ou femme).
Exemples :
- À la maison, maman fait la cuisine et le ménage, papa bricole et tond la pelouse.
- Certains métiers sont considérés comme masculins, d'autres féminins ; il est assez mal perçu socialement que les rôles soient inversés : une femme camionneur (-euse ?), plombier (-ère ?), boxeur (-euse ?), un homme « sage-femme ».
D'ailleurs, le fait que le genre féminin ou masculin soit très peu répandu dans ces cas-là est révélateur de ces rôles sexuels déterminés.
Ainsi, on entend plus souvent les termes : une secrétaire, mais un directeur, une infirmière, mais un médecin… - À la maison, maman fait la cuisine et le ménage, papa bricole et tond la pelouse.
Sexisme, où en est la France ?
À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier, le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) publie son rapport annuel sur l’état du sexisme en France et lance en parallèle une campagne de sensibilisation #onsaitcommentçasetermine du 23 au 27 janvier 2023.
« Une situation alarmante »
Cinq ans après son premier rapport, le HCE estime que la situation est alarmante et que le sexisme ne recule pas en France, que ce soit dans le monde du travail, dans la sphère familiale, intime ou sociale.
(Source - Baromètre sexisme Viavoice 2022 pour le HCE entre les femmes et les hommes)
Les 10 recommandations du HCE pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme :
- Augmenter les moyens financiers et humains
- Instaurer une obligation de résultats pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et la vie affective
- Réguler les contenus numériques
- Rendre obligatoires les formations contre le sexisme
- Généraliser l’égaconditionnalité et la budgétisation sensible au genre
- Créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique
- Conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité
- Rendre obligatoire un système d’évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuels scolaires
- Interdire la publicité pour les jouets genrés
- Institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier
(Source - baromètre sexisme Viavoice 2022 pour le HCE entre les femmes et les hommes)
En savoir plus sur ce rapport
La mise en scène dans la publicité
Dans la publicité, les femmes sont souvent cantonnées à des rôles stéréotypés et réducteurs : femme séductrice, femme objet, femme soumise, femme mère (associée à la douceur, la protection), femme « godiche », femme au foyer, femme fragile...
Ces représentations sont à la fois la conséquence des stéréotypes déjà existants dans notre société, mais en même temps les renforcent.
De même, l'image et le corps des femmes sont souvent utilisés de façon abusive : pour vendre des produits ordinaires (gel douche, produit laitier, voiture), leurs attributs physiques sont mis en avant. On n'hésite pas à représenter des femmes sexy, voire très dénudées, dans des poses et attitudes très suggestives. Elles peuvent véhiculer inconsciemment l'idée d'une norme de la femme offerte et consentante, qui a un impact sur les relations entre les hommes et les femmes.
Les rôles sociaux attribués aux femmes dans les médias
Dans les médias, principalement la télévision, les femmes gardent encore majoritairement un rôle subalterne :
- Dans les séries et films télévisés : des études montrent que les femmes sont majoritairement représentées dans des fonctions et des rôles traditionnels correspondant aux stéréotypes sexistes classiques (femme séductrice ou mère...) et exerçant des métiers genrés.
- Concernant les professions dans les médias : cela tend lentement à évoluer pour des femmes « stars », mais reste encore difficile pour les autres d'avoir un poste à responsabilité égal aux hommes (les femmes sont plus souvent présentatrices, animatrices d'émissions moins « sérieuses » que les hommes).
- Dans la téléréalité : Les femmes présentent des caractéristiques comportementales stéréotypées, s’apparentant soit aux clichés de la femme « bimbo », soit à ceux de la « partenaire idéale » (ou idéalisée). Aux candidats, au contraire, sont attribués des traits de caractère correspondant aux stéréotypes associés aux hommes « il a de la force », « viril », etc.
Le CSA a mené des enquêtes sur les stéréotypes féminins qui peuvent être véhiculés dans les séries de fiction, les émissions de divertissement et d’animation en 2014. Il constate que « d’une manière générale, les programmes de divertissement sont vecteurs de stéréotypes, que ce soit par les profils mis en scène dans ces programmes que par les rapports hommes-femmes qui y sont présentés ».
L'impact des stéréotypes sexistes chez les jeunes
L'adhésion à des rôles sexuels stéréotypes imposés comme une norme sociale
- Les garçons se soumettent au diktat de la virilité associée à la force physique, la multiplication des expérimentations sexuelles et la non-expression des sentiments.
- Les filles peuvent subir ces stéréotypes en adhérant soit à l'image de la femme objet séduisante (exercice périlleux car il y a toujours le risque de tomber dans la catégorie des « filles faciles »), soit à l'image de la « fille bien ». D'autres filles, notamment dans des quartiers difficiles, mettent en place des stratégies pour échapper aux rôles imposés de la fille bien docile ou de la fille facile en niant toute leur féminité et en adoptant un comportement de garçon manqué pour s'imposer.
Souvent les jeunes, filles ou garçons, se sentent contraints pour être acceptés socialement de se conformer à ces normes liées aux genres, même si au fond d'eux-mêmes ils sont en contradiction avec ces diktats ou en souffrent.
La non-conformité à ces stéréotypes peut aboutir à du rejet de la part des pairs (par exemple : mépris des garçons efféminés ou exprimant des sentiments, qualifiés de « bouffons » ou de « pédés »).
Une baisse de l'image de soi et de la confiance en soi
À un âge vulnérable, les jeunes adolescents peuvent se dévaloriser, vouloir se conformer à une norme qui ne leur correspond pas et avoir une confiance en eux très altérée. Ils peuvent développer des complexes ou ne pas être en accord avec leur identité profonde en contradiction avec les stéréotypes imposés.
- Les filles peuvent être très mal à l'aise avec la norme qui dicte que les femmes doivent être douces, conciliantes ou qu'elles doivent jouer la séduction pour adhérer aux standards de la féminité. Par ailleurs, ces normes ne leur permettent pas de valoriser leurs autres qualités intellectuelles ou de caractère (combativité, créativité, esprit d'initiative).
- Les garçons peuvent développer des complexes liés au fait qu'ils ne correspondent pas à l'archétype de l'homme viril : fort, insensible, conquérant...
Un déterminisme des rôles des hommes et des femmes dans la société
Ces stéréotypes conditionnent les filles et les garçons à des tâches, loisirs ou métiers dévolus. Souvent, les filles sont cantonnées à des rôles sociaux subalternes.
Exemples :
- Une petite fille va faire de la danse, jouer à la poupée. Plus tard, on l'incitera à s'orienter vers des métiers « féminins » (petite enfance, secrétariat, filières professionnelles plus courtes).
- Un garçon sera poussé à faire des activités et sports plus « virils ». Il sera encouragé, plus que les filles, à l'esprit de compétition et à tenir un rôle actif dans la société (hautes études, poste à haute responsabilité).
Des relations de couple inégalitaires
Ces stéréotypes cautionnent l'imposition de normes et la légitimation de la domination et de la violence des hommes.
Certains stéréotypes vont renforcer l'acceptation par les femmes de comportements violents et irrespectueux dans les relations de couple.
Parfois, certaines filles vont accepter des rapports de domination de la part des garçons : rapports sexuels pas vraiment désirés, soumission aux désirs des garçons de peur d'être rejetées.
Exemples :
- Un stéréotype consiste à affirmer que, biologiquement, les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes. Certaines jeunes filles peuvent accepter des pratiques et relations sexuelles, non par plaisir mais parce qu'elles ont intégré cette norme.
- Autre idée préconçue : les femmes doivent être sexy pour plaire aux hommes. Certaines jeunes filles vont s'habiller sexy, par peur de ne pas plaire à un homme et non par goût personnel.
Éduquer, prévenir et agir
Des ressources pour agir
De nombreuses initiatives ont été mises en place pour travailler sur la question. L’égalité femme/homme a été choisie comme Grande Cause nationale du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Mettre en place des actions pour favoriser l’égalité filles =garçons, Centre Hubertine Auclert : https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/memento-egalite-education-2020-hd.pdf
Ressources nationales et européennes pour l’égalité entre les filles et les garçons : https://eduscol.education.fr/1641/ressources-nationales-et-europeennes-pour-l-egalite-entre-les-filles-et-les-garcons
Outils égalité filles/garçons, Réseau Canopé : https://www.reseau-canope.fr/outils-egalite-filles-garcons.html
Exemple d’activité à mettre en place en classe sur l’égalité et la lutte contre les stéréotypes : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/69/9/ress_emc_discriminations_464699.pdf
Jeunes contre le sexisme, Département de la Seine-Saint-Denis : https://seinesaintdenis.fr/solidarite/observatoire-des-violences-envers-les-femmes/article/jeunes-contre-le-sexisme
Portail Matilda : ressources pédagogiques sur l’égalité : https://matilda.education/
Genre images : http://www.genrimages.org/plateforme/?q=genrimages/accueil pour travailler sur les stéréotypes dans les images.