CRIPS ÎLE-DE-FRANCE

Sensibiliser pour prévenir les LGBTphobies

Ce dossier propose un socle de connaissances, des notions et définitions afin de mieux comprendre les déterminants et les conséquences de la LGBTphobie. Il peut aider ceux et celles qui le souhaitent à sensibiliser leur public.

LGBTQIA+, de quoi s’agit-il ?

C’est dans les années 1990 que le sigle LGBT apparaît. Le terme « homosexuel » (gay), considéré comme trop restrictif, est remplacé par ce sigle qui englobe soit une orientation sexuelle (lesbienne, gay, bisexuel), soit une identité de genre (transgenre). Il est ensuite rallongé pour intégrer le « Q » de queer, le « I » d’intersexe et le « A » d’asexuel. Il est souvent accompagné d’un + pour inclure d’autres orientations sexuelles, identités et expressions de genre.

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Comprendre les termes

L’orientation sexuelle et amoureuse est l’attirance amoureuse et/ou sexuelle envers des personnes du même genre ou non. Il est possible d’être attiré par des personnes sans considération du genre (pansexuel) ou de ne pas être attiré sexuellement ou amoureusement (asexuel/aromantique). Les termes peuvent aider à se définir mais il n’est pas obligatoire de définir son attirance sexuelle/romantique. Rien n’est figé, l’attirance peut varier dans le temps, au fil des rencontres. 

L'identité de genre est l’expérience individuelle du genre qui peut correspondre, ou non, au sexe biologique. En effet, l’identité de genre d’une personne peut correspondre ou non au sexe assigné à sa naissance. Lorsqu’une personne se reconnait dans le sexe qui lui a été assigné à la naissance, elle pourra se définir comme une personne cisgenre. Une personne transgenre a une identité de genre qui ne correspond pas à son sexe biologique. 

La transidentité et l’intersexuation ne sont pas la même chose. Une personne intersexe a des caractéristiques sexuelles (chromosomes, hormones, organes génitaux) qui ne correspondent pas à la binarité des corps.


Le terme anglais queer, qui peut se traduire comme “étrange”, est un mot qui englobe toutes les identités de genre ou orientations sexuelles qui diffèrent de la norme hétérosexelle et cisgenre. L’utilisation du mot queer par les personnes concernées est une réappropriation politique d’une insulte qui était utilisée contre elles.

Que cela soit le genre ou l’expression physique de celui-ci (la manière dont les personnes se présentent au monde), ces notions ne sont pas binaires. On parle de spectres sur lesquelles les personnes se positionnent, et cela peut varier tout au long de la vie.

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Spectres de l'identité

Pour aller plus loin : L’outil de la Licorne du genre permet d’aborder ces sujets et de comprendre la notion de spectre. Une version interactive en anglais est disponible en ligne.

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La licorne du genre

Prévenir les violences envers les personnes LGBTQIA+

La LGBTphobie est un sentiment ou manifestation de rejet, de mépris ou de haine envers les personnes perçues comme LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bi, trans ou intersexes) et tout ce qui est supposé s’y rattacher.

Les LGBTphobies regroupent différentes formes de discriminations et de violences :

  • L’homophobie

    Est désigné comme homophobe toute organisation ou individu rejetant l'homosexualité et les personnes homosexuelles, et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu'aux personnes hétérosexuelles. L'homophobie est donc un rejet de la différence, au même titre que la xénophobie, le racisme, le sexisme, les discriminations sociales liées aux croyances religieuses, aux handicaps, etc. Les victimes en sont les personnes homosexuelles, mais également, les personnes dont l'apparence ou le comportement dérogent aux représentations traditionnelles de la féminité et de la masculinité.

  • La lesbophobie

    Apparue plus récemment, désigne les formes d'homophobie qui visent spécifiquement les lesbiennes. C'est une combinaison d'homophobie et de sexisme.

    Le terme de gayphobie, lui aussi plus récent, désigne les formes d'homophobie qui visent spécifiquement les hommes homosexuels.

  • Biphobie

    La biphobie désigne les discriminations et les manifestations de rejet à l'encontre des personnes bisexuelles

  • La transphobie

    La transphobie désigne les discriminations et les manifestations de rejet à l'encontre des personnes trans, sont souvent confondus à tort avec celui d'homophobie

Manifestation des LGBTphobies

Chaque année, le nombre d’actes homophobes augmente. Il s’agit pour la majorité des cas de rejets ou d’insultes, mais aussi d’humiliations, de harcèlement, de discriminations et de violences verbales ou physiques comme des coups et blessures, ou de comportements beaucoup plus graves comme des viols, des meurtres.

La violence se fait également de plus en plus sur Internet. Les cas de cyberharcèlement, de outing (révélation de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité de genre d’une personne LGBTQI à l’insu de cette dernière ou contre son gré, SOS homophobie), d’insultes se multiplient. Les réseaux sociaux sont également propices aux discours haineux, sous couvert d’anonymat. 

Pour en savoir plus : SOS Homophobie réalise un rapport annuel avec un recensement des actes qui leur ont été confiés lors d’appels téléphoniques : Rapports SOS homophobie

Les recensements concernent tout type de lgbtphobie et dans différents contextes (santé, école, entourage, internet…). 

En 2023, 266 témoignages d’agressions physiques ont été recensés par SOS homophobie.

50% des cas de lgbtphobie à l’école étaient du harcèlement. 

45% des violences lgbtphobes en milieux de soin sont de la transphobie. SOS Homophobie évalue également les évolutions des contextes principaux de lgbtphobies et constate que la haine en ligne est passée de 17% à 23%.

Impacts des LGBTphobies sur la santé

La stigmatisation permanente, même si elle ne vise pas explicitement et directement une « victime », lui renvoie l’image, la représentation, que l’homosexuel ou la personne non conforme à son genre assigné à sa naissance est par définition « méprisable », et que sa stigmatisation est « légitime »

 

On voit donc apparaître des comportements de résilience, mais aussi une perte d’estime de soi, de l’anxiété, de la honte, de la culpabilité, la crainte permanente d’être « démasqué » ou harcelé. Cela entraîne un repli sur soi, un risque majeur de comportements agressifs envers soi-même, de conduites à risques (alcool, drogues, rapports sexuels non protégés, etc.)*.

*Rapport Teychenne : Discriminations LGBTphobes à l’école, état des lieux et recommandations : http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/IMG/pdf/rapport_teychenne_discrihomophobe_ecole_2013.pdf

Des études ont en effet montré que le risque de comportements agressifs envers soi-même dépend du degré d'intégration d'un individu dans son milieu social. Les chiffres confirment cette théorie puisque le risque de tentatives de suicide est 2 à 7 fois plus élevé chez les personnes homosexuelles et bisexuelles.

Les conséquences peuvent être sociales : difficultés à trouver un emploi, un logement, harcèlement au travail et un refus de soins de la part des personnels soignants.

Au fait d'être discriminé s'ajoute la peur de l'être. Le poids de la norme hétérosexuelle pousse les personnes, dont la sexualité est autre, à cacher leur orientation sexuelle ou à mettre en place des stratégies d’évitement ou d’invisibilité. Par exemple, ne pas se tenir la main ou s’embrasser dans les lieux publics, porter des vêtements neutres ou utiliser des chemins plus fréquentés.

Comment agir

L'éducation, dans les familles, dans les lieux de loisirs, à l'école, est l'un des meilleurs outils pour combattre les discriminations et faire évoluer les mentalités. Il s'agit d'expliquer la diversité, de sensibiliser au poids et rôle des normes dans la société, d'interroger les représentations et les stéréotypes, d'informer au fil des activités éducatives.

La lutte contre les violences et les discriminations est une des missions de l'École. La circulaire sur l'éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées (Éducation nationale, 12 septembre 2018) stipule : « Il s'agit d'une démarche éducative transversale et progressive, qui vise à favoriser l'estime de soi, le respect de soi et d'autrui, l'acceptation des différences, la compréhension et le respect de la loi et des droits humains, la responsabilité individuelle et collective, la construction de la personne et l'éducation du citoyen ».

Depuis 2003, une journée mondiale, le 17 mai, est consacrée à la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Au cours de cette journée, des idées d’actions sont étudiées et des réflexions sont menées pour lutter contre les violences physiques, morales ou symboliques liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre.

 

Enfin, la lutte contre les LGBTphobies passe par un accueil bienveillant et respectueux de toutes et tous les jeunes :

  • Eviter de présumer que la personne en face de vous est hétérosexuelle ou cis-genre.
  • Respecter les pronoms que la personne utilise. S'excuser et reformuler lorsque l'on se trompe.
  • Ne pas poser de questions intrusives (“c’était quoi ton nom avant ?” ou "tu as fait l'opération?").
  • Ne pas outer la personne (= ne pas parler de son genre ou de sa sexualité à d'autres, sans son accord).
  • Respecter l’intimité de la personne sans questionner sa sexualité.
  • Valider le ressenti de la personne à propos de son orientation sexuelle et identité de genre.
  • Assurer un cadre sécurisant dans la structure : dans les relations entre jeunes ou avec l’équipe.

Législation en vigueur

Il existe plusieurs lois à différentes échelles (internationale et nationale).

  • Les pactes internationaux des Nations unies affirment que les États sont tenus de garantir l'exercice des droits de l'homme sans discrimination aucune fondée sur différents critères (l'orientation sexuelle n'y figure pas explicitement, mais il est mentionné « toute autre situation » en plus de l'origine, la fortune, la religion, l'opinion...) et les organes conventionnels respectifs considèrent, dans leur jurisprudence, que ces « autres situations » englobent ces deux aspects.
  • Au niveau européen, le Parlement a pris plusieurs résolutions sur les droits de l'homme et l'orientation sexuelle. La Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne contient une disposition de non-discrimination générale dans l’article 21.1 qui mentionne également l'orientation sexuelle au nombre des motifs interdits de discrimination. En 2010, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté la Recommandation 1915, concernant les discriminations sur la base de l'orientation sexuelle et l'identité de genre.
    D'après "La discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre en Europe "[étude/rapport] / Conseil de l'Europe (Strasbourg, France), 2011.

Dans le droit français, l'orientation sexuelle fait partie des critères de discrimination interdits par la loi du 16 novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations. Au départ 17 critères étaient listés. En 2015, on peut en compter 20 (voir aussi site du défenseur des droits).
Depuis la loi n° 2017-87 du 27 janvier 2017, l’article 132-77 du Code pénal prévoit un dispositif général aggravant les peines applicables aux infractions pénales commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre réelle ou supposée de la victime.

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    Date de publication 2025
    Auteur: Crips Île-de-France

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    Thématique: Lutte contre les discriminations
    Date de création 17/06/2021
    Date de modification 18/06/2021
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