1) Démultiplier les points de contacts pour généraliser la vaccination
Il s’agit en premier lieu de sensibiliser les parents et d’informer les professionnels de santé. Faire preuve de pédagogie auprès des parents, des professionnels de santé et surtout des adolescents est fondamental pour améliorer leurs connaissances sur les risques associés aux papillomavirus et obtenir leur adhésion et leur choix éclairé.
« C’est sans doute au moment clef du rendez-vous de rappel du vaccin DT polio à 11 ans qu’il faut associer le vaccin contre le HPV et que cela devienne systématique » explique le docteur François Vié Le Sage, pédiatre (AFPA, Infovac). « Il est plus simple pour les parents d’associer 2 vaccins dans un rendez-vous, je dirais même que cela peut sembler beaucoup plus logique que de devoir prendre rendez-vous spécifiquement pour la vaccination HPV. Il conviendrait d’informer les professionnels de santé de cette double vaccination qui est déjà inscrite dans le parcours vaccinal général.
Cette double vaccination doit être préparée lors des consultations du grand enfant. L’appliquer de façon large représenterait une opportunité forte pour les professionnels de santé d’améliorer la couverture vaccinale de notre population » poursuit-il.
2) S’appuyer sur l’éducation nationale pour informer et former les ados
Selon la loi du 4 juillet 2001 « une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles et par groupes d'âge homogène ». Julia Charbonnier, directrice de l’association Actions Traitements et Jean-Baptiste Lusignan, responsable du pôle Jeunes publics prioritaires au CRIPS IDF œuvrent conjointement pour introduire le sujet de la vaccination contre les HPV dans ces séances d’éducation à la sexualité.
« Ces séances qui, rappelons-le sont obligatoires, doivent être enseignées chaque année du cours préparatoire à la terminale. Nous aurions donc de nombreuses occasions, entre 27 et 36 séances au total, de sensibiliser les enfants puis les ados à la prévention des HPV » rappelle Julia Charbonnier.
Une récente étude de l’Ifop pour CAS D’ECOLE montre que seules 15% des personnes interrogées âgées de 15 à 24 ans déclarent avoir bénéficié de plus de 6 séances d’éducation sexuelle dans toute leur scolarité et 67% déclarent ne pas avoir bénéficié des 3 séances annuelles. « Nous sommes très loin du compte !" s’inquiète Jean-Baptiste Lusignan. "Ces séances sont réalisées pour la plupart par des intervenants extérieurs, rémunérés sur le budget des établissements. Il devient urgent pour des raisons évidentes d’éducation à la santé sexuelle, entre autres, de financer ces séances de sensibilisation ! »
3) Prendre en compte les 20/26 ans et assurer l’équité
La France accuse un retard vaccinal abyssal depuis 15 ans avec un nombre important de jeunes n’ayant pas bénéficié d’une vaccination depuis sa création. Il est estimé ainsi un retard cumulé de 4 millions de non-vaccinés chez les 20 à 26 ans. De plus, la période COVID-19 a eu un impact supplémentaire négatif sur la vaccination.
« Nous sommes convaincus de l’urgence d’une extension de la vaccination à l’âge adulte jusqu’à 26 ans pour les deux sexes. En 2024, une telle discrimination en fonction du genre ou de l'orientation sexuelle est inadmissible ! » explique Sabrina Le Bars, présidente de l’association Corasso. En effet, le risque d’infection aux papillomavirus perdure tout au long de la vie pour les femmes et les hommes. Ainsi, 50 % des cancers du col de l’utérus sont dus à des infections contractées après 20 ans
La vaccination de tous les jeunes adultes (femmes et hommes) jusqu’à 26 ans permettrait également d’assurer l’équité des genres et la désexualisation de la vaccination HPV, laquelle n’est recommandée à ce jour dans cette tranche d’âge uniquement qu’aux HSH (Hommes ayant des relations Sexuelles avec les Hommes).
Une étude récente montre que 35 % des hommes entre 25 et 29 ans sont infectés par l’HPV, la tranche d’âge dans laquelle la prévalence des infections HPV est la plus élevée. « Ainsi il nous parait essentiel de prévenir ce pic d’infection en vaccinant hommes et femmes jusqu’à 26 ans révolus. Par ailleurs l’efficacité de la vaccination dans cette tranche d’âge est étudiée et prouvée : en Suède, les femmes vaccinées entre 20 et 30 ans avaient un risque réduit de 62 % de développer un cancer du col de l’utérus en comparaison des femmes non vaccinées» affirme Gwenaël Ferron, chirurgien oncologue à l’IUCT de Toulouse et vice-Président de la SFCO.