CRIPS ÎLE-DE-FRANCE

« Support. Don’t punish »

Développer l’approche et les dispositifs de RdR : un défi pour « le monde d’après » ?

La RDR : efficace, légale, mais trop peu mise en place

Depuis 2013, à l’initiative de l’International drug policy consortium, le 26 juin, c’est la journée « Support. Don’t punish », une journée dédiée au respect des droits humains, à la réduction des risques (RdR) et aux alternatives en matière de prise en charge des addictions.

En France, alors que l’efficacité de la politique de RdR est largement documentée et prouvée depuis des années, une étape important avait été le vote de la loi de santé en 2016 : la reconnaissance légale de la RdR était établie et la création de nombreux dispositifs prévus. La RdR est ainsi devenue, légalement, une réponse tout aussi légitime à l’usage récréatif de drogues que la prohibition ou les soins obligatoires.

Aujourd’hui, force est de constater que certaines mesures pourtant inscrites dans la loi ne sont pas appliquées ou que certains dispositifs prévus dans la loi n’ont pas trouvé concrétisation à hauteur des défis.

Prenons certains exemples mis en exergue par les acteurs de terrain :

- La prison est toujours une zone de non-droit : aucun programme d’échange de seringues n’y est possible alors que la prévalence du VIH y est 10 fois celle de la population générale et celle du VHC 6 fois celle de la population générale 

- Le nombre de salles de consommation à moindre risque est toujours aussi faible : deux seulement sur le territoire français (contre une quinzaine en Suisse)

- l’analyse de drogues, consacrée comme mission de réduction des risques, ne fait pas l’objet d’instructions claires données par la DGS aux ARS pour leur permettre le financement de cette activité pourtant essentielle pour sensibiliser au mieux les consommateurs et consommatrices à la dangerosité des produits circulants

- Le dispositif « Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection » (AERLI) n’est pas promu de la même manière et à hauteur sur l’ensemble du territoire. Au-delà de la bataille politique, il y a également une autre bataille à mener : celle de l’opinion publique. En effet, en matière de drogues, la décision politique ne se fait pas, comme dans d’autres domaines, via un processus rationnel guidé par une expertise. Elle est très liée à l’opinion publique : il faut donc informer nos concitoyens sur la politique de RdR et vulgariser les résultats des études prouvant son efficacité.

En voilà de beaux défis pour « le monde d’après » : faire que les politiques et le grand public ne se basent pas sur une stigmatisation des usagers et usagères et sur une approche moraliste des choses mais sur une approche bienveillante avec un objectif de santé publique.

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