CRIPS ÎLE-DE-FRANCE

Agenda 2017-2023 : construction du plan Île-de-France sans sida

Le 16 juin 2016, le Conseil régional d’Île-de-France s’engageait dans une démarche ambitieuse visant à mettre fin à l’épidémie du VIH/sida en Île-de-France d’ici 2030. C'était l’adoption du rapport « Pour une région Île-de-France sans sida ».

La région Île-de-France est la région la plus touchée par le VIH/sida.

En effet, le territoire francilien concentre 42 % des nouvelles découvertes de séropositivité pour 18 % de la population vivant en France. Plus de 50 000 patients sont aujourd’hui suivis pour une infection par le VIH dans les hôpitaux franciliens.

Plan Île-de-France sans sida : la construction du plan

C’est sur la base de ces constats, et en adéquation avec la stratégie de l’ONUSIDA et l’initiative des "Fast-Track Cities", que la Région Île-de-France a souhaité devenir la première région à faire sienne les objectifs du « 3x95 ». Ces objectifs qui doivent nous permettre d’atteindre, à terme, le « Zéro contamination du VIH » d’ici 2030.
 
Le 16 juin 2016, le Conseil régional d’Île-de-France s’engageait dans une démarche ambitieuse visant à mettre fin à l’épidémie du VIH/sida en Île-de-France d’ici 2030. C'était l’adoption du rapport « Pour une région Île-de-France sans sida ».

Dans ce document, le Conseil régional fait sien les objectifs onusiens du 3x95 qui vise à faire que :

95 %
des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut
95 %
des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut, reçoivent un traitement
95 %
des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable

Les axes prioritaires

Objectif : atteindre le « 3x95 »

  • Les objectifs du « 3x95 » sont mis en exergue dans le plan régional mais aussi dans les plans de santé sexuelle au niveau national. Cela signifie : que  95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; que 95 % des personnes séropositives et dépistées reçoivent un traitement antirétroviral ; que 95 % des personnes recevant un traitement antirétroviral aient une charge virale durablement indétectable et donc ne transmettent pas le VIH.
  • Si ces objectifs intermédiaires sont atteints, les modélisations montrent qu’en 2030, nous pourrions atteindre le « Zéro contamination ». Aujourd’hui en France, c’est l’atteinte du premier et deuxième objectifs qui pose problème ; la troisième composante du « 3x95 » est d’ores et déjà atteinte.

Cibler la réponse

Même si en soi, les jeunes ne sont pas une population clé dans la lutte contre le VIH (être jeune n’expose pas spécifiquement au VIH), il n’en reste pas moins qu’il est essentiel de faire un effort tout particulier en direction de ce public. En effet, alors que le nombre de contaminations au VIH est en hausse chez les jeunes de 15 à 24 ans depuis plusieurs années, les fausses croyances sont à un niveau très élevé. Et cela entraîne une utilisation insuffisante des moyens de prévention. Ce constat factuel doit interroger sur les ressources et les dispositifs mis en place pour que les jeunes puissent avoir un accès effectif à l’information et appréhender au mieux les messages de prévention.

En Île-de-France, le contrôle de l’épidémie passera également par un focus fort mis sur les personnes les plus exposées au risque d’infection par le VIH. Qui sont elles ? Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ; les personnes nées à l’étranger dans des zones de forte endémie ; les personnes détenues ; les consommateurs de drogues injectables ; les travailleuses et travailleurs du sexe ; les personnes transgenres. Des efforts particuliers doivent être faits à leur encontre, non pas pour stigmatiser ces personnes, mais simplement pour leur permettre de bénéficier de réponses préventives adaptées à leurs besoins.

Promouvoir la prévention diversifiée

Aujourd’hui la prévention n’est plus centrée uniquement sur le préservatif. Elle est dite « diversifiée », car composée de nombreux outils permettant à chacune et chacun d’adapter sa prévention à sa vie, ses possibilités, ses envies, favorisant ainsi une appropriation de la prévention en général. Aujourd’hui la prévention repose sur : les préservatifs (le préservatif interne dit féminin et le préservatif externe dit masculin) ; le dépistage ; la réduction des risques pour les utilisateurs de drogues injectables ; le traitement post-exposition (TPE) ; la prophylaxie préexposition (PrEP) ; le traitement comme prévention (TasP) pour les personnes séropositives. Ces outils de prévention, qui permettent de créer une solution « sur mesure », sont encore bien trop mal connus de la part des Franciliennes et Franciliens. 

Augmenter la capacité de dépistage

Le dépistage est une priorité. Pourquoi ?
Parce qu'aujourd'hui, près de 25 000 personnes ne connaissent pas leur séropositivité en France, dont une grande partie vit en Île-de-France. Ces personnes non diagnostiquées sont actuellement à l’origine de la majorité des contaminations en France.

Parce qu'aujourd’hui, les délais entre infection et dépistage restent trop longs. Deux ans pour les HSH, trois ans pour les femmes et quatre pour les hommes hétérosexuels. Le dépistage doit aller chercher les personnes qui ne se sont jamais fait dépister. Et ce, quelle que soit la raison de cette absence de dépistage : sous-estimation de l'exposition au risque, accessibilité des structures de dépistage, peur, etc. Le dépistage doit également être utilisé de façon plus régulière par les populations clés sur la base des recommandations de la Haute Autorité de santé. Aujourd’hui, en Île-de-France, près de sept personnes sur dix déclarent avoir déjà eu recours à un test de dépistage du VIH (soit un taux plus élevé en Île-de-France que hors Île-de- France). De même, au cours des douze derniers mois, les Franciliens sont plus nombreux à déclarer avoir eu recours au test de dépistage du VIH que les non Franciliens (15,4 % vs 11,2 %). Le constat est que la politique de promotion du dépistage est efficace en Île-de-France. Efficace oui, mais pas encore assez pour arriver aux objectifs fixés par la HAS !

Sur la base de ces constats, le plan « Pour une Île-de-France sans sida » a mis en exergue cinq priorités

  • Le soutien aux acteurs de la lutte contre le VIH/sida et aux élus locaux.
  • La promotion du dépistage et de la prévention diversifiée.
  • La sensibilisation des jeunes et la formation les futurs professionnels.
  • Le renforcement de la recherche.
  • L’engagement sur le volet international.

Les actions réalisées

Information sur les enjeux du VIH

Aujourd’hui la prévention est dite « diversifiée ». Elle est constituée d’un éventail d’outils permettant à chacune et chacun d’adapter sa prévention à sa vie, ses possibilités et ses envies. Ces outils sont : les préservatifs interne et externe ; le dépistage ; la réduction des risques pour les utilisateurs de drogues ; le traitement post-exposition ; la prophylaxie préexposition ; le traitement comme prévention pour les personnes séropositives. Ces outils souffrent d’un manque d’appropriation par les personnes du fait d’un manque d’information. C’est pour cela qu’un clip promouvant une prévention « sur mesure » a été diffusé - et l’est encore - dans les transports franciliens que ce soit autour du Sidaction ou de la journée mondiale de lutte contre le sida.

Formation des étudiants en IFSI

Les infirmières et infirmiers ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le VIH/sida, tant sur un volet préventif que thérapeutique et plus largement, sur la promotion de la santé sexuelle. C’est pour cela que le Crips a proposé d’outiller les formateurs en instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) via un dispositif d’e-learning. Cette formation en ligne est composée d'outils utilisables en autonomie sur 10 thématiques (vidéo, infographie, kit pédagogique). 

Accompagner les élus locaux

Outiller les élus locaux pour qu’ils puissent développer sur leur territoire une réponse efficace au VIH/sida est une priorité. En effet, grâce aux structures de proximité (sociales, sanitaires, dédiées aux jeunes ou aux populations les plus exposées) présentes sur leur territoire, les élus peuvent agir au plus près des préoccupations des populations et des besoins constatés. C’est en ce sens que les guides « Pour une Île-de-France sans sida » ont été créés. L’objectif ? Outiller les élus locaux sur les enjeux actuels de l’épidémie et dresser une liste de propositions concrètes d’actions et de solutions à mettre en œuvre. 

Lutter contre le sida à l'international

Le 10 octobre 2019 se tenait, à Lyon, la 6e Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. À cette occasion, le Crips et plus d’une vingtaine de partenaires issus du monde associatif, industriel ou médiatiques ont mis en place une opération d’ampleur : la Boucle du Ruban rouge. Du 3 septembre au 10 octobre 2019, Jérémy Chalon, initiateur de ce projet, a parcouru la France. Le tracé de ce parcours ? Un ruban rouge géant ! L’objectif était de sensibiliser les Français aux enjeux du VIH et les mobiliser pour demander aux pouvoirs publics une augmentation de la dotation de la France au Fonds mondial. La moitié des 33 villes étapes de la Boucle du Ruban rouge était située en Île-de-France. 

Les enjeux de la vie avec le VIH

Depuis l’apparition des premiers cas de VIH/sida en 1981, la science a fait des progrès considérables. Un exemple ? Aujourd’hui, il est prouvé qu’une personne séropositive, avec une charge virale indétectable grâce aux traitements, ne transmet pas le VIH.  Malheureusement, ces progrès scientifiques n’ont pas été accompagnés de progrès sociétaux à la même hauteur et la sérophobie est une réalité fortement ancrée. Afin de lutter contre la sérophobie et de faire évoluer les regards, le Crips a produit 5 portraits vidéo de personnes vivant avec le VIH.

Un focus tout particulier a été fait sur la question des personnes vieillissantes vivant avec le VIH. En effet, les seniors vivant avec le VIH sont de plus en plus nombreux, tant en raison de l’amélioration des traitements et de la chronicisation de la maladie que d’une infection tardive. Pour rappel, 20 % des nouvelles découvertes de séropositivité sont chez les personnes de plus de 50 ans. En partenariat avec MSD, le groupe SOS, les Petits Bonheurs et Actions traitements, un projet d’information a été monté. Il est destiné aux décideurs en santé et aux professionnels des structures accueillant des personnes vieillissantes. L’objectif ? Impacter positivement le parcours de vie et le parcours de soins des seniors vivant avec le VIH.

Documents votés

Suite à l’adoption du rapport « Pour une Île-de-France sans sida », le Conseil régional d’Île-de-France s’est engagé dans une démarche ambitieuse visant à mettre fin à l’épidémie de VIH/sida en Île-de-France d’ici 2030. Plusieurs étapes ont été nécessaires pour bâtir une stratégie opérationnelle.

Mobilisation des professionnels

Le 30 novembre 2016 la Région Île-de-France organisait, en partenariat avec l’ARS Île-de-France, un temps de mobilisation intitulé : « Ensemble pour une Île-de-France sans sida ». Cetre rencontre était destinée à réfléchir avec les associations et les professionnels de santé sur les réponses les plus adaptées au VIH/sida en Île-de-France. Plusieurs axes majeurs ont émergé :
Diffusion de l’information sur la prévention diversifiée.
Priorité à donner au dépistage en direction des publics les plus exposés et à la lutte contre les discriminations touchant les personnes vivant avec le VIH.
Formation sur les nouveaux enjeux de la prévention pour les acteurs sanitaires et sociaux concernés.
Soutien à la recherche en matière d’infectiologie.
Globalement, ce premier temps de mobilisation a permis de mettre en exergue la volonté du Conseil régional et de l’ARS Île-de-France de travailler de concert, en lien avec « Vers Paris sans sida », afin de contribuer à compenser les déséquilibres territoriaux en matière d'accès aux moyens de prévention, de dépistage et de soins.

Mobilisation des collectivités

Le 22 mars 2017, la Région a organisé un temps d’échange spécifique réservé aux agents et élus des collectivités territoriales. Ce temps visait à co-construire une dynamique francilienne autour de cet objectif « Pour une Île-de-France sans sida ».

La stratégie opérationnelle

Le 7 juillet 2017, à l’unanimité, le Conseil régional concrétisait la volonté affichée un an plus tôt avec le vote d’un agenda d’actions.
Le vote de cet agenda s’est accompagné de la signature d’une déclaration ARS Île-de-France / Conseil régional Île-de- France (figurant en annexe du rapport du 7 juillet). Ce document met en exergue les objectifs et champs d’actions prioritaires partagés, et traduit la volonté commune d’atteindre l’objectif « Zéro contamination du VIH/sida » en Île-de-France à l’horizon 2030.

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